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©S.FIORESE
Mont Ruapehu
Décembre 2008, Nouvelle Zélande

S'enforester

 

"Demain, je repars, je vais m'enforester".

C'est Baptiste Morizot, auteur de « Les diplomates » qui nous a soufflé le mot. Dans son ouvrage « Sur la piste animale », il nous rappelle ce que Philippe Descola nous apprend sur cette notion de nature, cette croyance étrange qu’il y a les humains d’un côté et le reste du vivant de l’autre. Dans « Par-delà nature et culture », l’anthropologue nous démontre que cette notion n'existe que dans notre cosmologie occidentale, et pour le titulaire de la chair d’anthropologie au collège de France, cette cosmologie est « la moins aimable ».

Suivant cet enseignement, Baptiste Morizot cherche une nouvelle façon de dire la nature. Dans « Sur la piste animale », il nous propose cette définition :

« S’enforester, c’est une double capture restituée par le pronominal : on va autant dans la forêt qu’elle emménage en nous. S’enforester n’exige pas une forêt au sens strict, mais simplement un autre rapport aux territoires vivants : le double mouvement de les arpenter autrement, en se branchant à eux par d’autre formes d’attention et de pratiques ; et de se laisser coloniser par eux, se laisser investir, les laisser emménager dedans ».

A notre tour de vous faire cette proposition. Partir ensemble vers un peu plus d'étrange et de retisser ces liens qui nous relient à l'ensemble du monde du vivant.

A propos de nous

 

Tyto alba est une entreprise familiale fondée par Arnaud Barthoulot et Sophie Fiorèse. Elle est née d'une volonté commune de mettre en pratique nos compétences au sein d'une structure dont nous partageons la gouvernance. Elle a pour vocation de proposer à ses clients des prestations de haute qualité. Ensemble, nous irons à la découverte du monde du vivant, au coin de votre rue ou plus loin dans la montagne. Ensemble, nous nous enforesterons. 

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Arnaud

 

 

Qui es-tu ? Quel est ton parcours professionnel ?

 

Je suis né au début des années 80. Repenti des usines Peugeot et Renault où j'ai travaillé comme metteur au point motoriste, j'ai œuvré avec le réseau France Nature Environnement dans le Doubs pendant 8 ans. Au départ comme animateur nature, puis comme médiateur naturaliste. Mon travail s'articulait autour de la vie courante de la fédération, l'animation de projets et l'animation de sorties de terrain. En 2019, j'ai décidé de quitter mon emploi dans le milieu associatif et militant pour créer Tyto alba.

Pour toi, la sensibilisation à l'environnement et à la nature c'est quoi ? Qu’est-ce qui t’amène à t'investir e dans ce domaine ?

Dans une vaste mesure, je me suis découvert au contact de la nature. Je fais ce métier parce que je veux partager ce que je ressens à son contact, c'est-à-dire la pleine conscience d'être vivant. La finalité de mes interventions en tant qu'animateur nature, même si ce n'est jamais formulée clairement dans les objectifs, c'est d'aider le public que j'accompagne à se sentir plus conscient de lui-même et du monde dans lequel il évolue.

 

Ton plus beau souvenir ?

 

Une sortie dans les forêts du Mont d'or. J'accompagnais un groupe d'ado, dont plus de la moitié placée en foyer le reste de l'année. Ils étaient là pour une colo foot. Ils sont arrivés en trainant des pieds. Au premier buisson de framboises, c'était gagné. Juste leur faire gouter une framboise! La beauté sauvage des lieux à fait le reste. Ils avaient TOUS le sourire en rentrant. Inoubliable.

 

Si tu étais un autre animal ?

 

Une chouette effraie! Ce que j'ai vu de plus beau avec mes yeux avant la naissance de mon fils.

 

Si tu étais un végétal ?

J'aimerais bien devenir un grand tilleul.

 

Un message à faire passer aux lecteurs.trices ?

Jacques Lusseyran dans "Le monde commence aujourd'hui" donne une définition de la vie intérieure. Il écrit "C'est savoir que la paix n'est pas dans le monde, mais dans le regard que l'on porte sur le monde". Un peu plus loin il écrit "C’est savoir que la joie n’est jamais pour demain, mais pour aujourd’hui, ou alors qu’elle ne sera pas". Je suis assez d'accord avec ça.

 

Inspiré librement d'une interview par  fne-writer le mercredi 21 décembre 2016

Sophie

 

 

Qui es-tu ? Quel est ton parcours professionnel ?

Après beaucoup d'années d'études et de voyages, je suis maintenant professeur de langue anglaise en collège. Avant la matière en temps qu'objet, j'essaie d'être une passeuse d'un rapport à l'autre, j'essaie de transmettre une envie d'ouverture sur le monde, sur l'autre et sur soi. Apprendre à connaitre l'autre, c'est aussi apprendre à se connaitre.

Pour toi, s'enforester c'est quoi ?

C'est s'enraciner. Tu n'as besoin de rien quand tu es dans les bois, ou sur une pelouse sèche ou au bord d'une rivière... C'est un rapport direct aux éléments, on ne te demande rien en échange. C'est juste être présent dans l'instant, juste être réceptif et disponible et c'est du pur bonheur, la sensation d'être au monde, d'être vivant. C'est pour ça que j'ai envie de m'investir, pour éventuellement permettre à d'autre de ressentir ça.

Ton plus beau souvenir ?

C'est la sensation incroyablement puissante d'accomplissement, de joie, d’allégresse... après une randonnée de trois jours en autonomie dans le Yoho National Park, dans les montagnes rocheuses canadiennes. Première fois que je faisais un truc pareil, je veux dire, partir randonner, tout sur les épaules et voir (presque) personne durant trois jours. J'avais déjà fait des nuits sous la tente avec feu de camps mais là, le contexte c'était le wild américain ! Les grands espaces, les montagnes, les glaciers et les ours ! La nuit, il fallait percher tout ce qui pouvait les attirer, c'est à dire nourriture, dentifrice... en haut d'un mat pour ne pas prendre le risque d'en voir débouler au milieu de la nuit dans la tente. En plus on a eu un orage plutôt violent dans la nuit. C'était terrifiant. Le matin il y avait de la neige à peine au dessus de nous. C'était juste énorme.

Si tu étais un autre animal ?

Peut être une pie? Pica pica, pour la curiosité...

Si tu étais un végétal ?

Un bambou. Je mets du temps à faire croitre mes racines, et puis quand c'est fait, plus rien ne m'arrête.

Un message à faire passer aux lecteurs.trices ?

Il faut se donner la peine de prendre quelques risques, pour ne pas regretter, quitte à savoir renoncer et le plus important: surtout ne pas s'enfermer. Bref, on a la vie qu'on se fait.

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